Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/189

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Emma a repris sa gaieté, ses couleurs ; on ne se douterait jamais, en la voyant, qu’elle a été aussi dangereusement malade : je m’étais promis de renvoyer Lise, ne pouvant lui pardonner de m’avoir caché la chute de ma fille, mais l’enfant a imploré son pardon avec tant de grâce qu’il a fallu céder. Conçois-tu, mon amie, que des bonnes, dans la crainte d’affliger une mère ou d’en recevoir quelques réprimandes, aient la faiblesse de lui cacher le malheur arrivé à son enfant, et lui ôtent ainsi les moyens d’en prévenir les suites. Si le docteur n’avait dit à Lise qu’Emma avait sûrement reçu un violent coup, puisqu’il s’était formé un dépôt dans sa tête, jamais elle n’aurait avoué qu’en effet l’enfant était tombé en jouant dans le jardin, et que sa tête avait frappé contre une énorme pierre. Cette fatale discrétion a pensé me coûter la vie de ma fille. Quelle leçon pour toutes les mères !… Je n’ai pas besoin de l’engager à ne jamais gronder une bonne, lors même que sa maladresse serait cause du coup que recevrait ton enfant, le souvenir de ma douleur t’empêchera de tomber dans cette faute.

J’avais oublié de te dire que Frédéric était parti. Lorsque j’ai appris qu’il avait quitté Varannes, je n’étais pas en état de penser à lui. Ma belle-mère a été bien affligée de la maladie d’Emma ; elle est venue souvent me voir, ainsi que toute sa société. Le pre-