Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/192

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auprès de ma fenêtre ; je l’ai laissée entr’ouverte pour entendre plutôt le bruit de sa voiture, si par hasard il arrivait. Il n’est pas à présumer qu’il puisse venir à cette heure ; n’importe je l’attendrai toute la nuit.

Il y a longtemps que je ne t’ai parlé du bon M. Bomard. Tu ne doutes pas qu’il ne soit venu souvent me voir dans ces derniers temps, il n’est pas homme à fuir les malheureux ; il n’a point tourmenté ma douleur par de tristes et froides exhortations, ses pleurs se sont mêlés aux miens. Il a commencé par rassurer ma sensibilité en me prouvant la sienne, ensuite il a cherché tout ce qui pouvait ranimer mon courage, et je lui dois celui d’avoir supporté mes maux avec quelque résignation… Je ne crois pas me tromper, Juliette, j’entends le bruit des roues… Le claquement des fouets… C’est lui… Je cours à sa rencontre… Je vais réveiller le concierge, faire ouvrir les portes. Je veux que tout lui apprenne que Laure attendait.


À cinq heures du matin.

Mon cœur ne m’avait pas trompé, c’était bien lui. J’étais dans la cour quand la voiture est entrée ; John en descendit le premier et je craignis un instant qu’il vînt nous annoncer que son maître était resté dans quelque auberge, mais bientôt je le vis lui-