Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/200

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— On est digne d’inspirer une violente passion, quand on sait aussi bien la peindre que vous, madame.

Ce compliment semblait dicté par le dépit, et j’avoue qu’il me plut. Je m’étais éloignée du piano, Lucie vint m’apporter ma harpe ; j’eus beau leur dire que tant de musique finirait par les ennuyer, il fallut chanter au bon curé une romance, je me plaçai en face de lui et de Lucie ; sir James vint s’asseoir derrière moi, et je commençai cette complainte :

I

    Sous le beau ciel de l’antique Italie,
    Vivait jadis un prince valeureux ;
    Pour ses sujets il eût donné sa vie,
    Pour son bonheur il faisait des heureux.
    

II

    Chaque beauté s’empressant de lui plaire,
    Avec ardeur prévenait ses désirs ;
    Mais vœu d’amour facile à satisfaire,
    Est-il celui qui promet des plaisirs ?
    

III

    Loin de sa cour, fatigué d’inconstance,
    Médicis veut se livrer au repos.
    Mais il voit Blanche… et son indifférence
    Fait bientôt place à des chagrins nouveaux.