Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/221

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tion s’engagea, et qu’après avoir longtemps parlé de Lucie, je lui dis qu’une boîte précieuse était tombée entre mes mains, et qu’ayant appris qu’elle lui appartenait, je le priais de vouloir bien la reprendre.

— Laure, me dit-il d’une voix tremblante, vous pouvez m’affliger cruellement, en refusant un don qui vous était destiné : ne me questionnez pas sur le mouvement involontaire qui m’a privé du plaisir de vous l’offrir ; je dois vous en faire un mystère ; mais au nom de tout ce qui vous est cher, ne me désespérez pas par un refus !

— Moi vous affliger ! ah ! milord !…

Je ne pus en dire davantage. La joie de lire son trouble dans ses yeux, et de voir succéder au ton le plus froid, l’accent de la tendresse, m’égara tellement, que je perdis la force de lui cacher mon émotion. Je fus dans un instant inondée de mes larmes ; alors il s’écria avec transport :

— Grand Dieu ! soutenez mon courage !

Puis me serrant contre son cœur :

— Épargne-moi, ajouta-t-il, ou je meurs.

En disant ces mots il me repoussa et s’enfuit… Je restai anéantie sous le poids de mes sensations… Mes pleurs s’arrêtèrent, mes idées se confondirent, un feu dévorant circula dans mes veines, et mes yeux se fermèrent ; quand je les ouvris, j’aperçus Emma qui me tirait par ma robe, pour m’éveiller, disait-