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la détourner d’un projet qui désespérerait sa famille. James ne me donne aucun détail sur la manière dont il l’a retrouvée ; il me dit seulement qu’il n’a pas voulu la voir en particulier, craignant qu’un homme de son âge, témoignant un si vif intérêt pour elle, ne parût suspect aux personnes qui l’entourent. Cette nouvelle a un peu calmé l’excessive douleur de ma belle-mère. Je laisse auprès d’elle madame de Gercourt, dont les soins remplaceront les miens : et je vais employer toute l’éloquence de l’amitié, pour consoler la malheureuse Caroline. Tu frémiras, en lisant la lettre de son frère ; il veut se venger. Je redoute bien que sa vengeance n’aggrave nos malheurs. Il est jeune, brave, emporté par la colère ; et l’hypocrisie de son ennemi doit facilement en triompher.



LIII


J’ai un long récit à te faire, ma Juliette, et j’espère que tu m’excuseras, après l’avoir lu, d’être restée si longtemps sans t’écrire.

Quand nous sommes arrivés au Havre, James est venu à notre rencontre ; je me livrais au plaisir de le voir et de le remercier, lorsqu’il nous dit tout à coup :