Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/233

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peine eut-il fermé la porte, que la pauvre Caroline vint se jeter dans mes bras ; ses larmes coulèrent sur mon sein, et nous restâmes quelques moments sans proférer une parole. À la fin M. Bomard rompit le silence, pour exhorter Caroline au courage.

— Est-ce vous, lui répondit-elle, qui devez me flatter de quelqu’espérance ! vous qui savez si bien que je suis condamnée à d’éternels tourments !…

— Que dites-vous, ma chère enfant, reprit ce vénérable homme ? Quoi ! douteriez-vous de la miséricorde du ciel ? Croyez-vous qu’une faute soit à jamais irréparable ? Gardez-vous de cette dangereuse pensée ; c’est elle qui, affaiblissant tous les ressorts de l’âme, la livre au désespoir, et lui ôte les moyens de réparer un moment d’erreur par des années de vertus. Je ne chercherai point à excuser vos torts, ce serait vous les rappeler ; mais l’amitié, plus que le devoir, me porte à vous détourner du projet insensé de quitter votre famille pour jamais, et à vous engager de recevoir toutes les consolations qu’elle vous offre. Laissez à votre amie, dit-il, en me montrant, le soin de vous choisir un asile honnête ; passez-y deux années dans la retraite, et venez ensuite implorer le pardon d’une mère qui vous aime toujours tendrement, et qui ne le refusera pas à votre repentir. C’est auprès d’elle que vous retrouverez la paix et le bonheur. Ne craignez pas un reproche de sa bouche, le cœur d’une