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de chambre renvoyée et que j’allais au Havre pour y occuper une nouvelle place. L’aubergiste parut me croire, et me conduisit dans une espèce de grenier destiné aux voituriers. Là je passai le reste de la nuit couchée sur un matelas et tremblante de froid. À six heures du matin, l’aubergiste frappa à ma porte, et me demanda si je voulais profiter d’une occasion pour me rendre au Havre ?

La mère Geneviève, ajouta-t-il, y va vendre du grain ; elle vous prendra dans sa charrette si vous voulez payer la nourriture de son cheval. C’est une bonne femme, sa voiture est couverte, et vous y serez bien, la petite.

Je lui répondis que j’acceptais avec plaisir, et je descendis aussitôt dans la cour ; il me fallut déjeûner avec la mère Geneviève, attendre qu’elle eût vidé sa bouteille de vin, et subir tous les propos grossiers qu’il lui plut de m’adresser. Enfin nous montâmes dans sa charrette, et le lendemain matin nous arrivâmes au Havre, sans nous êtres arrêtées que pour prendre quelques moments de repos. Mon premier soin fut de me transporter sur le port ; je désirais passer en Angleterre ; mais ayant vu les préparatifs du départ d’un vaisseau qui faisait voile pour Saint-Domingue, je me présentai chez le capitaine, et m’informai de ce qu’il m’en coûterait pour faire un aussi long voyage. Le prix qu’il me demanda n’excé-