Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/272

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qu’il m’en a fait, et que la certitude de désespérer son ami, en ne pouvant lui cacher qu’il possède le cœur de Laure… exalte son imagination au point de le peindre à ses propres yeux comme l’auteur des malheurs de toute ma famille… Tant d’exagération devrait me rassurer… Cependant cette clef !… Le tombeau de mon époux !… Il faut me convaincre… il faut sortir de ce doute cruel… Il est deux heures de la nuit… Cette lampe peut me guider dans l’obscurité… Adieu, Juliette… Je vais m’assurer de son innocence ou… Grand Dieu !… fais qu’il me soit permis de l’adorer toute ma vie !…

(Ici finissent les lettres de Laure ; le reste est écrit de la main de Juliette).


Le plus profond silence régnait dans la nature ; le ciel couvert d’épais nuages cachait aux yeux les astres de la nuit ; la pesanteur de l’air, la sombre obscurité qu’un éclair menaçant venait parfois troubler, tout semblait présager un orage. Laure marche d’un pas tremblant, portant d’une main la lampe dont la faible lueur sert à la conduire, et tenant dans l’autre la clef que sir James lui a donnée. Son émotion redouble à mesure qu’elle approche du tombeau de son époux… Le moindre bruit augmente sa terreur, arrête ou précipite sa marche ; de sinistres