Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/275

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promener dans le parc en attendant son réveil, il viendrait l’avertir aussitôt qu’elle aurait donné l’ordre de le laisser entrer. James sentit toute l’inconvenance de sa visite ; mais sans chercher à l’excuser, il remercia le concierge, et entra dans le jardin.

À peine a-t-il parcouru quelques allées, qu’il aperçoit une robe blanche à travers le feuillage ; il s’approche, et voit Laure, sa malheureuse Laure…, le sein découvert, les cheveux épars, tenant une épée à la main, et les yeux fixés sur la lettre de Henri… Le bruit qu’il fait en approchant ne frappe point son oreille : tout entière à son désespoir, elle ne voit et n’entend rien.

— Laure ! s’écrie James en arrachant l’arme qu’il reconnaît, Laure ! venge la mort de ton époux, perce mon sein… ; c’est le seul moyen d’éteindre mon amour… Tu ne dois pas souffrir qu’un meurtrier t’adore.

Au son de cette voix Laure paraît se réveiller subitement, et fait un mouvement d’horreur, en voyant son amant auprès d’elle ; elle veut s’éloigner…, mais il la retient, en se traînant à ses pieds.

— Viens-tu joindre l’insulte au crime, dit-elle avec l’accent de la terreur ?… Oses tu bien rappeler ton indigne passion à l’épouse de Henri !… à la mère de son enfant !… de cette infortunée que ta barbare main a privée de son père ?… Va, monstre