Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/277

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mentez pas… Donnez-lui vos secours ; soyez aussi généreux qu’il est coupable !…

En finissant ces mots, elle s’enfuit avec vitesse, remonte dans son appartement, défend qu’on y laisse entrer personne, et se livre à tout l’excès d’un affreux désespoir.

Pendant ce temps, le bon, le généreux Frédéric oubliait ses chagrins, pour ne s’occuper que du malheur de son ami, n’osant pas encore le questionner sur la cause du désordre où il le voit ; il l’aide à se relever, le soutient, et le conduit jusqu’à sa voiture, le ramène chez lui ; et là, il entend de sa bouche, le récit effrayant de ses infortunes et de la fatalité attachée à son sort. Frédéric avait tendrement aimé son frère ; le souvenir de sa mort faisait couler ses pleurs ; et s’il eût appris par un autre, que James en le combattant lui avait porté le coup mortel, il n’aurait pas hésité un seul instant d’aller exposer sa vie pour venger le trépas de son frère. Mais il voyait le remords empreint dans tous les traits de son ami. Il était baigné des larmes de son repentir, et ce spectacle, en attendrissant son âme, lui ôtait tout sentiment de colère. D’ailleurs, ce malheureux James était encore moins coupable qu’à plaindre ; à sa place Frédéric en eût peut-être fait autant, et celui que la moindre insulte rendait implacable, celui qui portait la bravoure jusqu’à l’exaltation, ne pouvait