Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/305

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est sorti pour aller te voir… et moi aussi je veux me raprocher de toi… la nuit semble venir m’inviter au repos éternel… Laure, j’embrasse ton enfant ; dis-lui que j’ai vengé son père ; parle-lui plus souvent de mes remords que de mon crime, et quand son jeune cœur sentira les premières atteintes de l’amour, apprends-lui que ce terrible sentiment fut la cause de tous mes malheurs, et que ne pouvant le vaincre… je meurs en t’adorant… Adieu… ma Laure… Adieu…


Quelques jours après cet affreux événement, Juliette et M. Bomard arrachèrent leur amie de ce séjour de douleur, et la transportèrent presque inanimée au château d’Estell, tandis que Frédéric et Delval remplirent les dernières volontés de James, en faisant déposer son corps dans un tombeau élevé près de celui de Henri. On avait trouvé sur lui un testament par lequel il faisait Emma d’Estell son unique héritière, après avoir fait à sa sœur et à chacun de ses amis un don considérable. Il n’avait point oublié Caroline : cette infortunée ayant appris la cause du départ précipité de sa famille, s’était décidée à tout braver pour aller s’informer du sort de son amie. Elle arriva à Estell peu de temps après Laure ; la fatigue, les chagrins lui causèrent une maladie, dont le résultat fut la mort de son enfant. Sa sœur ne vou-