Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/43

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gronderais, je vais te parler de ce qui m’occupe bien moins.

Elle est rendue cette visite qui me causait tant d’effroi : nous sommes partis samedi dernier, comme je te l’avais mandé. Caroline s’était parée avec plus de soin qu’à l’ordinaire : elle était fort jolie, et M. de Savinie le lui a dit avec un ton de franchise qui n’a point paru lui déplaire. On sortait de table quand nous sommes arrivés. Madame Lucie (car on ne l’appelle pas autrement) nous reçut de la manière la plus affable. Elle nous présenta M. Billing, qui paraît être un ancien ami de la maison. Je cherchais des yeux ce frère dont on m’avait tant parlé, quand M. de Savinie proposa une promenade dans le parc, en disant à Frédéric qu’il y trouverait sir James. Il faisait le plus beau temps du monde, on accepta. M. de Savinie offrit son bras à madame de Varannes, et Frédéric s’empara de celui de madame Lucie et du mien sans trop nous consulter. Elle se plaignit obligeamment de ce qu’il nous séparait ; mais il insista de si bonne grâce qu’il fallut bien céder : il entama la conversation par une question qui parut embarrasser la comtesse :

— Eh bien, sir James est-il toujours le même ?

— Mais oui, dit-elle, toujours sérieux et bon, il est plus que jamais occupé de ses livres.

— Je ne le conçois pas, reprit Frédéric ; philo-