Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/45

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aspect n’inspire ni confiance ni désir de le connaître.

J’ai demandé à madame de Savinie si je n’aurais pas le plaisir de voir sa petite fille : aussitôt sir James s’est empressé de l’aller chercher lui-même, et bientôt après il est venu tenant par la main la petite Jenny que j’ai trouvée presqu’aussi jolie qu’Emma. Je me suis approchée pour l’embrasser ; mais la pauvre enfant effrayée de la couleur lugubre de ma robe, s’est jetée, en me fuyant, dans les bras de sa mère. J’ai senti à ce mouvement quelques larmes s’échapper de mes yeux. Lucie les a aperçues, elle m’a pris la main, et l’a serrée affectueusement. Frédéric avait des bonbons, je les ai donnés à Jenny en la priant d’en venir chercher bientôt chez Emma. Les bonbons, l’espoir de jouer avec un enfant de son âge, l’ont décidée à me traiter en amie. Sa maman a promis de me la conduire dans deux jours, et je ne saurais te peindre avec quelle bonté elle a cédé au désir que j’en témoignais. J’avais mal jugé cette femme, chère Juliette ; elle est bien certainement aussi sensible que belle.

La nuit commençait à tomber, et madame Lucie voulant faire rentrer sa fille, appela sir James pour la reconduire ; mais il avait disparu un moment avant. Frédéric fut chargé de ce soin ; et après avoir parcouru le jardin anglais, qui est un modèle en