Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/88

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sentiments dont votre générosité remplit mon âme. Vous serez heureuse, Laure ; tant de vertus méritent une récompense ! J’ai acheté le bonheur dont je jouis par des années de souffrances ; et si une créature aussi ordinaire est parvenue à voir combler ses vœux, il faut croire que vous êtes réservée à la félicité suprême ; mais ce n’est pas tout, il faut que vous m’aidiez dans une entreprise dont l’exécution n’est pas facile. Sir James veut retourner en Angleterre ; son père le demande avec instance, et malgré toute la répugnance qu’il doit avoir pour aller s’exposer à de nouveaux reproches de sa part, il est décidé à partir. Il faut, dis-je, que vous vous joigniez à moi, pour le déterminer à prolonger son séjour à Savinie, jusqu’au moment où j’y reviendrai.

— Que pouvez-vous espérer de moi dans cette circonstance ? lui ai-je dit ; je connais trop peu sir James, pour avoir quelque ascendant sur son esprit, et vous devez, mieux que personne, obtenir tout ce qu’il doit accepter.

— Non, reprit-il, vous lui ferez mieux comprendre ce que sa sœur éprouverait de douleur, en se séparant en même temps de nous deux. La voix d’une femme est plus persuasive, et la vôtre est enchanteresse.

Il fallait bien céder à tant de galanteries, et j’ai