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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/90

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vous prouver quel prix j’attache à un aussi grand service.

— Vous le pouvez, lui dis-je, un seul mot vous acquittera et c’est moi qui vous devrai de la reconnaissance.

— Parlez, madame, disposez de ma volonté, elle vous est soumise.

Alors M. de Savinie et moi employâmes toute notre éloquence pour l’engager à remettre son voyage. Nous parlions déjà depuis longtemps, sans qu’il pensât à nous répondre, quand, se levant tout à coup et s’approchant de moi, il me dit d’un ton solennel :

— Je vous l’ai promis, ma volonté vous cède ; mais rappelez-vous, madame, ce que vous exigez de moi.

— Ne craignez rien, reprit M. de Savinie, Lucie écrira à votre père, vous excusera près de lui, et parviendra même à lui faire approuver votre résolution.

Il ajouta beaucoup d’autres choses que je n’entendis point ; les paroles de sir James m’avaient anéantie, elles semblaient prédire un malheur dont je devais être cause, et j’en fus effrayée. Explique-moi, ma Juliette, comment il se peut que chaque mot prononcé par cet homme, vienne aussitôt retentir à mon cœur et le livrer à de sinistres idées. Serait-ce