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« Malgré le cruel souvenir que ton frère me rappelle, j’étais décidé à le bien recevoir, et il me rend cet accueil facile. Il me plaît ; la sensibilité qu’il montre pour sa mère, la peine qu’il éprouve de l’avoir si dangereusement surprise, son air modeste, sa timidité avec moi, enfin tout me fait croire que nous nous conviendrons à merveille. Mais, pour que rien ne trouble la bonne harmonie qui doit s’établir entre nous, il est essentiel de lui faire connaître mes défauts et mes volontés, et c’est toi que je charge de ce soin. Léon a pour camarade, pour ami peut-être, un jeune homme dont le père a été le bourreau de toute ma famille… »

À ce mot, Céline sentit frémir le bras de Théobald, et elle ajouta vivement :

— Pardonne-moi, cher Léon, de t’affliger ainsi en te répétant ces expressions injurieuses. Ah ! loin de vouloir blesser ton amitié pour Théobald, crois que je la respecte ; je sais que nous lui devons ta vie, et mon cœur lui tient compte de tous les soins qu’il t’a donnés.

— Ah ! s’il est vrai, dit Théobald, il peut braver toutes les injustices du monde.

— Tu penses bien que je n’ai pas manqué de représenter à mon oncle que ce serait imiter la cruauté