Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/218

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l’attention générale ; il en avait écouté ce qui semblait en rapport avec sa situation, et lui seul avait compris l’effroi de Céline.

— Le meurtre accompli, continua M. de Boisvilliers, on en vint rendre compte au châtelain qui, dans sa joie d’être obéi, fit préparer un festin splendide, auquel il contraignit sa fille d’assister. Ses femmes l’avaient pour ainsi dire parée de force, et l’on voyait ses colliers d’émeraudes, son bouquet, son voile humides de ses larmes. Mais son père, sans pitié pour elle, l’obligeait à recevoir l’hommage des seigneurs qui venaient pour demander sa main ; le plus brillant de tous devait la conduire à table et se placer à côté d’elle. Il arrive… la place était occupée ; croyant la céder à quelque seigneur plus puissant que lui, il se retire et va se mêler parmi les autres convives. Chacun d’eux attend que le châtelain donne le signal qui doit engager à porter la santé de la belle Isaure ; mais aucun mot de lui ne vient animer le festin. Étonnée de ce silence, Isaure lève les yeux sur son père, le voit pâle, immobile, les regards fixés sur un objet qui semble le glacer de terreur. Elle cherche la cause de cet effroi subit, et jette un cri en apercevant Arthur placé près d’elle, le sein découvert, et montrant d’une main livide le sang qui