Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/271

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compense qu’il a payée de son sang ! cette croix que je lui ai vue donner par la victoire. Il se laisserait dépouiller des armes qui lui ont mérité tant d’honneur !… Ah ! s’il était capable de cette lâcheté, mon sabre le frapperait avant qu’il eût le temps de se déshonorer… mais je suis tranquille… ces misérables peuvent l’assassiner à coup de calomnies… le laisser périr dans un cachot ; mais le dégrader !… jour de Dieu… je les en défie.

L’état violent où ce mot avait plongé Marcel ne permit pas à M. T… de lui faire entendre raison sur les moyens à prendre pour réfuter les accusations qui s’aggravaient chaque jour ; car l’amitié de M. T… pour M. de Rosac ne lui faisait point partager ses passions au point de les servir. Malgré sa confiance en lui, lorsqu’il s’agissait d’un fait aussi important, il se réservait le droit de l’interpréter avec toute l’impartialité que la justice exige. D’ailleurs, M. T… avait cette probité des gens de loi qui les oblige à ne jamais trahir la cause qui leur a été confiée, lors même qu’ils se refusent à la défendre.

Cependant, ému de l’attachement du vieux soldat pour son capitaine, et craignant pour tous deux les discours imprudents qui échappaient à la colère de