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seau de Céline. Le contraste de ces apprêts de fête avec les tristes soins qui occupaient Marcel en ce moment, ajoutait encore à l’amertume de ses réflexions. Ah ! pensait-il, malgré ce que Zamea dit de l’indifférence de sa maîtresse pour ses présents de noce, au milieu de la joie qui l’environne elle refusera de me voir, elle craindra de témoigner la moindre pitié pour mon maître. Eh ! comment s’intéresserait-elle au malheur d’un homme qu’on lui peint chaque jour comme l’ennemi de sa famille ?

Le retour de Zamea vint bientôt confirmer ce qu’avait prévu Marcel ; le premier mouvement de Céline, en apprenant qu’il était là, fut de dire à Zamea de l’amener près d’elle ; mais se rétractant aussitôt, elle rappelle la négresse, et dit en faisant un effort sur elle-même :

— Non, je ne dois pas le voir ; il faut que je puisse attester qu’aucun message n’est venu… qu’on n’a jamais tenté de m’intéresser à ce que l’on cessât… Il faut que je lui refuse jusqu’au témoignage de ma pitié… oui, il le faut… j’en aurai le courage. Puis, s’adressant à Zamea : Renvoie au plus vite ce soldat, ajouta-t-elle ; dis-lui qu’il m’est défendu de le recevoir ; mais sans rien demander ni promettre en mon nom, informe-toi