Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/309

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ne l’a-t-il pas laissé traîner en prison, comme un vil criminel ; a-t-il détourné le coup mortel dont vous l’avez frappé ? Non, vous dis-je, frappez encore, il ne vengera pas mieux sa sœur que son ami !… Théobald n’était-il pas ?…

— Qu’entends-je ! s’écrie Léon, Théobald est ici ? Que parle-t-elle de prison, de vengeance ? Qui ose attenter à l’honneur, à la vie de Théobald ? Répondez-moi ! est-ce sa raison ou la mienne qui s’égare… dois-je en croire ce qu’elle dit ? Théobald, arrêté comme un vil criminel !… Ah ! s’il était vrai, ajouta-t-il d’un ton qui fit frémir jusqu’à Céline elle-même, s’il était vrai !… tout le sang de son ennemi suffirait à peine à ma vengeance.

En vain madame de Lormoy cherche à calmer la colère de son fils ; en vain le docteur et Nadège le supplient de ne pas augmenter l’agitation de Céline par de telles menaces ; il ne leur répond que par ces mots :

— Qu’avez-vous fait de Théobald ?… Je veux le voir, conduisez-moi vers lui.

Et, voyant que tous gardent le silence, il s’adresse à Céline qui reste immobile, les yeux attachés sur lui, et cherchant à rallier ses idées, pour s’expliquer comment cette voix inconnue prononce le nom de Théobald d’un accent, à la fois, si tendre et si terrible.