boire les chiens vous aurez le temps de causer avec le troupeau, et peut-être trouverez-vous dans tous ces officiers couverts de peaux de moutons, un ami qui vous donnera des nouvelles de notre pauvre pays.
— Un ami, répéta Léon, hélas ! j’en ai bien peur !
Le lendemain de bonne heure Marcel s’établit en sentinelle à l’entrée du village ; et, du plus loin qu’il aperçut le détachement, il courut avertir ses maîtres et prendre le bras de Phédor pour le mener au-devant des prisonniers.
Le centenier obtint sans peine du chef de la troupe la faveur d’offrir à déjeuner à lui et aux officiers qu’il lui était enjoint de ne pas quitter, et quelques moments après ils entrèrent dans la salle où Léon et Théobald les attendaient avec impatience.
— C’est lui, dit aussitôt un jeune Polonais, en s’élançant dans les bras de Léon.
— Cher Zamoski, s’écrièrent à la fois les deux amis, te voilà donc aussi malheureux que nous ?
— Hélas ! bien davantage, reprit-il, et j’oublierais tout ce que j’ai souffert s’il m’était permis de partager votre sort. Mais aller mourir dans les déserts de la Sibérie !
Alors il raconta à ses camarades les tristes événe-