Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/88

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yeux, lui dit qu’on le demandait chez le commandant, et qu’il fallait se décider à laisser quelques moments son ami aux soins de l’infirmier qui allait le remplacer près de lui.

Il n’y avait pas moyen de se soustraire à cet ordre, et Marcel s’y rendit avec d’autant plus d’empressement qu’il espérait attendrir les cœurs de toute la garnison, en faisant le tableau de l’état déplorable où se trouvait son maître.

En entrant dans la salle où se tenait le conseil, Marcel fut très-étonné de reconnaître, au milieu d’un groupe d’officiers, le marchand Mikelli. Il leur parlait vivement, et montrait une lettre dont il paraissait vouloir se faire un titre auprès d’eux. Mais ayant aperçu Marcel, il les quitta tout à coup pour venir s’emparer de son bras, et le conduire vers le commandant. Là, sans attendre qu’on leur fît la moindre question, il dit hautement qu’il jurait que ce brave soldat et son jeune maître étaient innocents de la fuite du prisonnier Saint-Irène ; qu’il se rendait leur caution à tous deux, et demandait qu’il lui fût permis de les garder chez lui jusqu’au moment où Théobald serait en état de rejoindre les prisonniers polonais. Il ajouta qu’on ne pouvait les traiter avec tant de sévérité sans