Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/110

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vous amuser à me rendre fou sans avoir quelque pitié de ma démence, et comme je ne suis pas exigeant, je ne vous demande qu’un peu d’indulgence pour mon amour.

— Votre amour, interrompit Clotilde avec gaîté ; mais je vous assure qu’il m’est fort agréable !

— Vraiment ! s’écria Sosthène en s’emparant de la main de la comtesse.

— Oui, d’autant plus agréable que je compte m’en servir pour me débarrasser de tous les ennuyeux soupirants qui se font un devoir de tenter la chance d’un mariage lucratif, comme ils tenteraient une spéculation à la Bourse ; mais ne vous faites point illusion, ajouta Clotilde en retirant sa main de celle de Sosthène, tout en vous avouant ma profonde estime pour votre caractère et l’affection que m’inspire…

— Je ne veux pas entendre un mot de plus, s’écria le marquis en se levant tout à coup ; le bonheur qui m’enivre fût-il un rêve, je ne veux pas le savoir, dussé-je mourir de regret au réveil, j’aurai toujours joui un instant de l’enchantement d’une vision céleste, ne me l’enlevez pas.

Alors Sosthène s’enfuit, malgré tout ce que madame des Bruyères lui dit pour le retenir ; et l’on peut se figurer le rayon lumineux qui brillait sur