Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/113

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menace ; puis, s’efforçant de paraître calme, il ajouta : mais, dans cette circonstance, ton silence en dit plus que tu n’aurais à avouer peut-être ? Songe qu’après m’avoir tant parlé de ton amour, je dois supposer qu’en le recompensant on t’a défendu de m’en rien dire.

— Quant à cela, je puis t’affirmer le contraire ; j’ai fait part à madame des Bruyères des conseils que tu me donnais ; elle a commencé par s’en étonner, puis elle a fini par en rire. Elle est si franche, si naturelle, qu’on voit passer sur son beau front ses impressions l’une après l’autre. D’abord, elle a trouvé singulier qu’un homme, dont elle était si peu connue, se mêlât de prédire ses faiblesses ; mais sur l’observation que la sachant parfaitement libre, on pouvait, sans l’injurier, prévoir qu’elle échangerait bientôt sa liberté contre un bonheur plus doux, elle s’est apaisée, et loin de me mettre en garde contre tes conseils, elle m’a laissé croire qu’ils l’amusaient.

— J’en suis très-flatté, dit le comte avec ironie, c’est dommage que tu n’en aies plus besoin.

— Quelle erreur ! jamais ils ne m’ont été si nécessaire. Il ne s’agit pas ici d’un de ces sentiments que le même mois voit naître et mourir, d’une de