Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais elle n’est pas venue toute seule ici ? qui l’a amenée ? ai-je demandé ; à quoi madame des Bruyères a répondu qu’en revenant hier soir du théâtre, elle avait trouvé cette jolie chienne sur le coussin de sa bergère, et qu’en dépit de toutes les questions adressées à ses gens, aucun n’avait pu lui dire comment, ni à quel moment on était entré dans sa chambre pour y déposer la jolie Fida.

— « À vous parler vrai, je n’ai pas insisté dans mon interrogatoire, a-t-elle ajouté, tant j’étais persuadée que vous aviez payé leur discrétion ; mais peu importe l’auteur d’une si charmante surprise, je m’obstine à placer ma reconnaissance sur vous, acceptez-la de bonne grâce, ce ne doit pas être un effort au-dessus de votre courage. »

Et, séduit par ces gracieuses paroles, j’oubliais mes mauvaises pensées, lorsqu’elle me dit de la suivre dans sa galerie ; là, un chevalet portant un grand tableau frappa mes yeux, je ne pus contenir un cri moitié de surprise et moitié d’admiration, car cette vierge de Carlo Dolci a le double mérite d’être belle et de ressembler à la comtesse, comme si elle avait servi de modèle au peintre.

— « Vous trouvez ce tableau admirable, n’est-ce pas ? me dit-elle, M. Fresneval l’a rapporté hier de