Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/138

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Florence sans s’arrêter, s’était retiré dans sa chambre, où je pense bien qu’il venait de se mettre au lit à moitié mort de fatigue. Pourtant il y avait encore de la lumière chez lui à deux heures après minuit. Ah ! c’est un singulier cavaliere que ce bel Édouard, on ne sait ni quand il dort, ni quand il mange ; excepté les jours où il dîne avec Madame, il ne reste jamais plus de dix minutes à table, et passe la plus grande partie de la nuit à écrire ou à lire, puis il se lève avec le jour. Hier matin, à peine reposé de son voyage, il était dans la galerie à faire déballer, encadrer et accrocher le tableau qu’il venait d’apporter et cela pour que la signora comtesse le trouvât tout placé à son réveil.

— C’est, dit-on, un personnage mystérieux que ce jeune intendant. Quelle est son attitude dans la maison ? qu’en pensent tes camarades !

Il poverino ! reprit Ricardo en soupirant.

— Tu le plains ? ne serait-il plus aussi bien traité par ta maîtresse ?

— Au contraire, vraiment ; comme elle prend sa langueur pour de la maladie, elle a toutes sortes d’égards pour lui ; elle s’informe de ses nouvelles, l’engage à ne pas se fatiguer par trop de travail, lui parle toujours avec une bonté, une grâce charmante, et voilà ce qui le tue.