Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/186

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cet homme adoré qu’elle disputait à la mort. La douleur de le retrouver dans un état si déplorable disparaissait sous le plaisir de le revoir, de sentir ce beau front perdre de sa froideur à mesure qu’elle y ramenait la vie.

Encouragée par la certitude de n’être pas reconnue, elle posa sa main sur le cœur d’Adalbert ; il battait faiblement, mais sa respiration devenait par degrés plus facile et faisait prévoir la fin de l’évanouissement ; c’était un moment à la fois craint et désiré.

— Passez par ici, dit Sosthène en attirant Clotilde derrière la tête du lit, il ne faut pas qu’il vous voie en rouvrant les yeux, il devinerait le danger qui nous fait réclamer vos secours.

Elle obéit sans répondre, car elle avait peur de mal déguiser sa voix. Prévoyant l’effet que celle d’Adalbert allait lui produire, elle s’empressa de réunir les plis de son voile pour le rendre plus épais, et attendit de cœur ferme les premiers mots que prononcerait son mari.

— Sosthène… tu es là… dit-il d’un ton si bas qu’on l’entendait à peine… tu ne me laisseras pas mourir… seul… toi !

Et il cherchait de sa main défaillante celle de son ami.