Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/190

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vie s’éteignait avec celle d’Adalbert, était là, témoin des honneurs rendus à sa rivale, car le secours qu’on attendait de sa présence faisait redoubler d’égards envers la princesse. Dès que le docteur l’aperçut, il fit signe à la sœur de lui céder sa place à la tête du lit, voulant préparer Adalbert à cette vue ; un sentiment de révolte bien naturel la rendit un instant sourde à cet ordre ; puis, ramenée à la résignation par la crainte d’une scène violente, elle se retira à quelque distance du lit, pendant que la princesse, oubliant tout ce qu’elle avait promis de modération, se précipitait sur le sein d’Adalbert et l’étouffait dans ses bras.

— Reconnais-moi ! s’écriait-elle, c’est bien moi, c’est ta chère Antonia qui vient te rendre à la vie, au bonheur, rappelle-toi ces moments de félicité, de délire, qui m’ont enchaîné à toi pour jamais ; vis pour les retrouver encore, Adalbert !… Amor mio !… Ah ! mon Dieu ! il ne m’entend plus ! dit-elle avec l’accent du désespoir ; et en voyant qu’Adalbert ne répondait à toutes ces exclamations passionnées que par un regard stupide.

En effet, à sa fièvre convulsive, avait succédé tout à coup une sorte d’insensibilité qui tenait de la paralysie. Le docteur en profita pour lui faire avaler la potion que, dans son accès, le malade