Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/222

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t-il, pour oser vanter ainsi ses talents à tous propos. C’est une manière fort maladroite de le recommander à la bienveillance des gens qui l’admettent avec grand’peine dans leur société ; car plus elle exalte les moyens de séduction, plus elle se compromet et le rend haïssable aux personnes qui ne sauraient lui pardonner de la déshonorer.

Malheureusement, une foule d’autres observations vinrent confirmer la pensée d’Adalbert. Encouragé par les questions de l’ambassadeur, par le désir que chacun avait d’imiter de son mieux le personnage qu’il représentait, ce qui forçait à avoir souvent recours à lui, Édouard laissait aller son esprit avec cette facilité piquante que donne l’envie de se faire écouter de la femme qu’on aime. Armé de son Plutarque, il en plaçait les discours, les anecdotes, les mots avec une adresse telle, qu’elle servait de modèle aux autres causeurs et qu’il en résultait une conversation très-divertissante, où les apologues, les citations, les flatteries, les épigrammes, inspiraient tour à tour l’intérêt ou la gaieté. Jamais le pauvre Édouard n’avait eu l’occasion de se montrer si aimable ; et la vérité oblige à dire que Clotilde semblait jouir de son succès. Adalbert en était visiblement contrarié et cherchait à le déconcerter par tous les moyens