Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/228

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malgré lui d’un succès qui plaçait si haut son ami dans l’opinion des assistants, voulut savoir si les préventions de Clotilde contre Adalbert n’étaient pas vaincues par ce succès. Il se pencha vers elle pour lui demander ce qu’elle pensait de cette improvisation ; n’obtenant aucune réponse, il leva les yeux sur ceux de Clotilde et en vit tomber de grosses larmes.

— Vous souffrez, s’écria-t-il avec inquiétude ; voulez-vous prendre l’air ?

— Non, je ne souffre pas, répondit en souriant Calpurnie, de l’air d’une personne qu’on réveille en sursaut.

— Mais vous pleurez ?

— Se peut-il ? dit-elle en portant vivement la main sur ses yeux et confuse de la sentir baignée des pleurs qui en coulaient à son insu.

— Quelle triste pensée vous occupait donc ?

— Je ne sais… Je rêvais… Toute à mes souvenirs… j’oubliais le présent. Mais ce rêve n’était pas douloureux, et je pleurais sans m’en douter quand vous m’avez tirée de ma léthargie.

Ces larmes répandues sans qu’elle s’en aperçût, n’avaient point échappé à l’observation passionnée d’Adalbert ; c’est à elles qu’il devait ses plus belles inspirations et ce délire éloquent qui, venant droit