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à l’inconstance : Féroce comme un indifférent, a dit une femme d’esprit. En effet, on a plus d’un exemple des exploits vengeurs inspirés par cette férocité involontaire.

Pendant que la princesse choisissait parmi tous les coups que peut porter la jalousie, celui qui devait le mieux frapper le cœur d’Adalbert, lui, non moins préoccupé de l’intérêt que Clotilde semblait accorder à Édouard, choisissait parmi tous les piéges que la ruse peut tendre à la passion, celui où devait tomber infailliblement une âme sans défiance et dominée par un sentiment qu’elle n’osait s’avouer. Certain que Clotilde se défendrait mal de sa faiblesse si on l’en accusait franchement, sans lui laisser le temps de prévoir l’attaque, il pensait à se servir de l’amour de Sosthène pour provoquer entre eux une explication, une scène, une brouille même, qui le sortirait de son incertitude dévorante.

Quant à Édouard, passant tout à coup des enivrements d’un succès inaccoutumé, au désespoir d’une affreuse découverte, il ne voyait plus rien de ce qui se passait autour de lui, et n’entendait plus que la voix intérieure qui lui criait :

— Quoi ! ce sentiment que rien n’expliquait, cette profonde mélancolie dont nulle présence ne