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souvenir de ce divin moment peut sur ma destinée !

Ces derniers mots d’Horace furent également désagréables à Salluste, à César et à Cassius. Le premier regretta d’avoir aidé au succès d’un nouveau rival, et l’autre se dit avec remords :

— Comment résisterait-elle à toutes les séductions où son indépendance la livre ? Grâce à moi, n’est-elle pas le but de toutes les ambitions de cœur, de tous les rêves de la vanité, de toutes les ruses de la fatuité ! Sur cet océan perfide qu’on appelle le monde, sans rames, sans pilote, pouvait-elle échapper au naufrage ? non, j’ai voulu sa perte, j’en dois subir l’affreux spectacle. Ce n’était pas assez de la voir adorée de mon ami, de la savoir journellement exposée aux aveux tacites de ce Fresneval, il faut que ce jeune poëte vienne encore essayer ses armes puissantes sur ce cœur sans défense ? Celui-là du moins offre plus de ressources : en qualité d’auteur il doit être facile à mécontenter, et je pourrai tirer parti de sa mauvaise humeur pour apaiser la mienne.

— Contraignez-vous donc mieux, dit la princesse à Adalbert ! On vous parle de tous côtés, vous ne répondez à personne, vous ne voyez que cette femme ; prenez-y garde, tant qu’elle vous résis-