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Calpurnie y mit deux de ces belles grenades que l’Égypte fournissait à Rome, et qui portent le nom de Carthage ; on y joignit des châtaignes de Sicile, des noisettes d’Avellanum, l’abricot d’Arménie, les oranges de Lusitania, les poires dorées de la Crète, les rayons de miel du mont Hybla, ce rival du mont Hymète, et le tout fut couronné par des belles grappes de raisin de Calabre ; car toutes les richesses de ce luxe romain, qui bravait les lois somptuaires, avaient été évoquées pour représenter dignement un festin de Salluste, offert à Lucullus.

L’hommage de la corbeille et les libations qui l’accompagnèrent, eurent tout l’effet qu’en espérait Salluste. Ravi de se voir le héros du dessert, Brutus s’abandonna à toutes les joies du succès.

Plusieurs esclaves entrèrent chargés de ces grands vases de terre cuite, fabriqués à Samos, tous bouchés soigneusement avec de la poix, et garnis d’une étiquette qui indiquait le pays, l’année du Consulat sous laquelle le vin avait été récolté ; sur quelques-uns de ces vases, on lisait ; buvez, et sur d’autres : j’ai soif. À cette vue, Lucullus s’écria :

— Ô l’heureux siècle que le nôtre ! Romulus fai-