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enlèvement pour ne pas faire craindre qu’il en ait les tristes suites.

Malgré le soin qu’avait pris Thomassin, de couper la journée par un excellent repas, elle parut longue à tous les assistants. Le marquis de Bois-Verdun et son frère avaient beau exciter à causer les vieux parents de la mariée, ils semblaient humiliés par la différence de leur langage ; cependant ils étaient fiers du luxe qu’étalait leur neveu, leur cousin, et se promettaient bien de se parer d’une manière tant soit peu insolente auprès de leurs amis, d’une si noble alliance. Mais la présence de leurs anciens seigneurs leur imposait en dépit de la peine que le marquis se donnait pour établir entre eux une camaraderie impossible.

Adalbert restait près de Clotilde, autant pour l’admirer que pour l’apprivoiser, blâmant l’usage qui livre une jeune fille à un homme qu’elle connaît à peine ; il cherchait à lui inspirer quelque confiance en la flattant sur sa beauté, en l’approuvant dans ses goûts simples et élégants ; enfin, en lui donnant l’idée d’une sympathie qu’il espérait faire naître.

D’abord entraînée par le charme d’une conversation douce et timidement spirituelle, Clotilde y avait répondu avec toute la franchise, la grâce