Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/296

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mine, et frémit de reconnaître dans la douleur qui l’oppresse, dans la colère qui le fait délirer, les effets de cette affreuse jalousie qui commence à la torturer elle-même.

— C’est donc vrai, disait-elle d’une voix étouffée ; cette femme qui le dédaigne… qui lui préfère un misérable intendant… un demi-laquais… il l’aime !… il n’est pas honteux de la défendre quand tout l’accuse ! de la protéger contre le mépris, de la soutenir dans l’abîme fangeux où elle est tombée…

— L’aimer ! moi ! s’écria Adalbert saisi tout à coup d’un effroi délateur, aimer la femme qu’on peut soupçonner à tort ou à raison de se dégrader ainsi ? Qui vous inspire cette injurieuse pensée ?

— Ton trouble en parlant d’elle, ta colère à la seule idée de cette dégradation qui te désespère…

— Non, vous dis-je, interrompit-il en tremblant, cette émotion qui m’agite en ce moment, c’est de la haine pour ses calomniateurs, de la pitié pour elle. Cessez de la persécuter, de la livrer aux propos méchants, aux soupçons flétrissants aux cris du scandale ; sauvez-la du déshonneur et je n’y penserai plus… mais, ajouta-t-il avec embarras, je connais… sa famille… elle mérite des égards… quelles que soient les faiblesses de madame des