Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/312

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pour se maintenir dans l’agitation qui devait l’empêcher de réfléchir.

Mademoiselle Géraldina, frappée de l’altération des traits de sa maîtresse, et de la rougeur, de la pâleur qui se succédaient dans la même minute sur son beau front, lui proposa d’envoyer chercher son médecin.

— Gardez-vous-en bien, répondit-elle vivement, je me porte à merveille ; seulement ces premiers beaux jours de printemps m’agitent… je ne puis rester en place… il faut que je prenne l’air… apprêtez une robe… je vais sortir.

Et tout en s’habillant, la princesse proférait des paroles sans suite, tantôt d’un ton menaçant, tantôt d’une voix si oppressée, qu’elle semblait prête à s’évanouir.

Lorsque sa toilette fut achevée et que Géraldina lui présenta le mantelet qu’elle mettait d’ordinaire à la promenade, elle la vit s’asseoir comme si elle renonçait à tout projet de sortie et tomber dans une rêverie profonde, elle semblait retenue par une terreur invincible, sa respiration était inégale, son regard fixe, Géraldina commençait à s’inquiéter de cet état, de stupeur, lorsqu’elle entend s’arrêter deux chevaux de selle sous le balcon de sa maîtresse ; elle court aussitôt à la fenêtre, et s’écrie :