Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/314

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tait devant elle, pâle, défait, et dans une agitation contrainte très-propre à confirmer ses soupçons.

Le cœur humain est sujet à de grandes inconséquences. Il n’est pas rare de le voir regretter ce qu’il fuit volontairement et déplorer le sacrifice d’un amour qui l’importune. Celui de la princesse pour Adalbert, comme tous les amours mal récompensés, était devenu tyrannique, insupportable ; il le maudissait et le redoutait comme une démence sinistre. Mais tout en frémissant de ce qu’il en pouvait attendre, il éprouvait ce bonheur d’être aimé, auquel les plus insensibles, les infidèles mêmes, ne renoncent pas sans peine.

L’idée de ne plus revoir ce beau visage, que son brusque départ allait couvrir de larmes, troublait visiblement Adalbert, et donnait à sa voix les inflexions tendres et tristes d’un adieu éternel. Tout en lui dénonçait un douloureux mystère.

D’abord il tente de prévenir la princesse sur sa prochaine absence, en lui parlant d’une mission dont l’ambassadeur de France le menace, et qui peut l’obliger à s’éloigner d’elle d’un instant à l’autre. Elle l’écoute sans l’interrompre, mais de l’air le plus crédule. Il insiste sur ses craintes, ses regrets de la quitter. Elle semble prendre un plaisir