Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/94

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de faire pour Mélanie… Et le fils de l’ambassadeur, instruit par son domestique de la misère où se trouvait une famille parisienne, aura cru de son devoir de la secourir. Brave jeune homme, ajouta-t-elle avec attendrissement ; je lui sais bon gré de cet acte généreux et de la manière délicate dont il l’a accompli.

— C’est déjà un grand bonheur que d’en être soupçonné par vous, Madame, dit Édouard en pâlissant ; mais nous l’accusons de charité sur un bien faible indice.

— Il n’en faut pas davantage pour arriver à savoir la vérité, reprit la comtesse. D’abord je vais lui tendre un piége dont il ne se méfiera point. Son père et lui doivent venir prendre des glaces chez moi ce soir après l’Opéra. Je le prierai de m’écrire quelques mots sur mon album, et je verrai bien si c’est la même main qui a écrit la lettre. Ne trouvez-vous pas le moyen excellent ?

Édouard garda le silence. Hélas ! c’était son unique recours contre le danger de trahir sa pensée ; il se retira convaincu du désir qu’avait la comtesse de trouver dans le jeune homme qui l’aimait, celui qui venait de s’acquérir son estime et peut-être plus encore par une preuve de générosité.

Peu lui importait que Sosthène méritât une