Page:Nichault - Le Marquis de pomenars.djvu/13

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LE MARQUIS, à part.

Le coquin me prend pour un prince. (Haut.) N’importe, mon ami, dis-moi la vérité ; si désagréable qu’elle puisse être, c’est une rareté qu’on ne saurait trop payer.

FRANÇOIS.

Eh bien donc, vous saurez que M. Saint-Clair…… disait…… Mais songez bien qu’il était en colère.

LE MARQUIS, avec impatience.

Sans doute ; et il disait à sa cousine ?

FRANÇOIS, contrefaisant Saint-Clair.

Ce marquis de Sévigné, dont vous raffolez aujourd’hui, a-t-il pour vous le moindre des sentimens que vous m’inspirez ? Il vous trouve belle ; il vous le dit avec esprit : le grand mérite ! Mais ces airs sémillans, ce ton léger vous charment. Vous croyez de bonne foi que ce coureur d’aventures galantes va quitter la cour et toutes ses grandes dames pour venir se fixer dans la petite ville de Laval, chez le juge Méridec ; et cela, dans la seule intention de faire la cour à sa nièce, et de l’épouser même, si elle le veut bien. N’est-ce pas une honte, de préférer l’honneur d’être la centième dupe d’un perfide séducteur au plaisir de récompenser l’amour d’un homme qui vous sacrifierait tout au monde ?

LE MARQUIS, gaiement.

Bravo ! Saint-Clair : c’est plaider à merveille ; et ma cause ne pouvait tomber entre les mains d’un meilleur avocat.

FRANÇOIS.

Quoi ! ce discours vous plaît ?