Page:Nichault - Le Marquis de pomenars.djvu/41

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Mme DE SÉVIGNÉ.

Il est bien temps !

POMENARS.

Puisque M. le sénéchal répond de mon salut, j’aurais tort d’en douter ; on sait que ses jugemens sont irrévocables ; et, sans contredit, de tous ceux qu’il a rendus, cet arrêt est bien celui dont je désire le plus vivement l’exécution. Mais dites-moi donc, madame, quel bon génie vous amène aujourd’hui à Laval ?

Mme DE SÉVIGNÉ.

Hélas ! je venais m’informer d’une affaire qui regarde un de nos amis, et j’ai le chagrin d’apprendre que malgré les plus puissantes recommandations, nous n’avons rien pu obtenir en sa faveur.

MÉRIDEC.

C’est avec bien du regret, madame la marquise, que je me suis vu forcé d’user de rigueur en cette circonstance ; mais vous connaissez les devoirs d’un magistrat, et vous savez que je mourrais plutôt que de les trahir.

POMENARS, à la marquise.

Vous veniez peut-être dans l’espérance que votre esprit et vos grâces exerceraient ici, comme à la cour, leur empire ordinaire ? Mais pour cette fois, vous n’aurez pas les honneurs du triomphe, car M. le sénéchal me paraît à l’abri de toute séduction, même de la vôtre.

MÉRIDEC.

Mais s’il n’en était pas ainsi, monsieur, que penserait-on de la justice ? Votre Molière s’en moque déjà bien assez, vraiment, sans lui offrir une occasion de plus de faire rire