Page:Nichault - Le Marquis de pomenars.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’avons plus rien à craindre pour une tête aussi folle ; car, en dépit de vous, nous la sauverons, j’espère.

POMENARS.

Je vous la confie de tout mon cœur, mais je vous préviens que le comte de Créance en a bien envie.

Mme DE SÉVIGNÉ.

Eh bien ! c’est un plaisir qu’il ne faut pas lui donner.

POMENARS.

Je ne demande pas mieux que de lui refuser cette petite satisfaction ; mais que faire ?

Mme DE SÉVIGNÉ.

Lui en offrir une autre.

POMENARS.

Bon, je lui ai déjà proposé dix fois de me battre avec toute sa famille.

Mme DE SÉVIGNÉ.

Mais cela ne rendrait pas l’honneur à sa fille.

POMENARS.

Ah ! je vous entends, vous voulez me la faire épouser.

Mme DE SÉVIGNÉ.

À vous parler vrai, je crois que cette réparation serait digne d’un galant homme.

POMENARS.

Oui, je sais qu’on nous fait une loi d’épouser la femme qui s’est compromise pour nous ; et je me serais peut-être déjà conformé à l’usage, si M. de Créance était moins brutal, et sa fille plus jolie.