Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/103

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Ces derniers mots, prononcés du ton le plus affectueux, émurent sensiblement Albéric.

— Votre amitié ! répéta-t-il, ah ! je ne crois plus qu’à elle ; mais si vous voulez qu’elle me soit utile, employez-là à seconder le vœu de ma raison, et ne me parlez plus de cet instant de faiblesse, dont j’espère détruire le souvenir jusque dans l’âme de celle qui a cru pouvoir s’en amuser impunément. Je pourrais me venger par quelque méchant trait. C’est un plaisir à la portée de tout le monde ; je le trouve trop vulgaire. J’effacerai seulement quinze jours de ma vie, et je la reprendrai où nous en étions restés avant ma première visite à madame de Lisieux. Mais j’exige de votre amitié le même oubli, et qu’il ne soit plus question entre nous de ce mauvais rêve : m’en faites-vous la promesse ?

Maurice pensa qu’il pouvait accéder sans regret à la condition qu’exigeait son ami, certain qu’Albéric serait le premier à l’enfreindre.

En effet, peu d’instants après il le questionna sur l’affaire qui regardait le marquis d’Erneville et sur l’avis qu’il en voulait donner à sa belle-sœur. Maurice lui apprit alors que madame de Lisieux ayant refusé au marquis de s’adresser à M. de Varèze pour demander la main de mademoiselle Ribet, il lui avait écrit un billet par lequel il l’engageait à réclamer l’obligeance de son ami dans cette importante négociation.

— Votre santé ne vous permettant pas de faire en