Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/178

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faible part ; car les porteurs des sacs de velours avaient eu si grand soin de garder des chaises pour leurs nobles maîtresses, qu’il n’en restait presque plus pour la famille de la mariée. Il résulta de cet inconvénient plusieurs réclamations faites avec humeur, et reçues avec insolence. Et comme personne ne prenait beaucoup d’intérêt à ce mariage, le respect qu’inspire ordinairement un acte si solennel ne réprima aucun des sentiments de malveillance excités par ces petits procédés humiliants.

Dans ce débat, il était facile de voir que, parvenu à son but, chacun rentrait dans son caractère. Tant d’amours-propres différents s’agitaient autour de Mathilde, qu’il lui était impossible de se recueillir assez pour prier. Il lui semblait que c’était profaner la prière que de la mêler à des intérêts si mondains, bien qu’elle y fut étrangère.

Cependant la cérémonie était commencée, et le prêtre se mit à prononcer le sermon matrimonial, dont il n’avait pas prévu toutes les difficultés. Confiant dans les informations qu’il avait prises, il savait qu’un noble épousait la fille d’un industriel, et partant de là pour adresser à chacun des deux quelque chose de flatteur, il commença par établir que la seule noblesse était dans les vertus qui mènent à la fortune, puisque la fortune était mère de la charité ; que tout autre avantage n’était que vanité, qu’un piége du démon pour tenter l’orgueil des pêcheurs et les mener droit