Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/217

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tait lui prouver qu’elle redoutait sa pénétration, et l’exciter davantage.

— Avouez-moi franchement que je vous ennuie, lui disait-il un soir chez madame d’Ostange, dites-moi que vous êtes occupée de quelqu’un ou de quelque chose dont vous ne voulez pas qu’on vous parle ; mais ne m’évitez pas comme un importun ordinaire, je mérite que vous me traitiez plus durement.

— Eh bien, soit, répondit Mathilde en lui faisant signe de s’asseoir auprès d’elle. Convenons que je penserai à part, que vous ne me questionnerez point, que vous causerez toujours…

— Et que vous m’écouterez quelquefois, interrompit le maréchal ; j’y consens : aussi bien, je puis tout supporter de vous, excepté votre contrainte. Je parie qu’elle vous fatigue moins que moi ; et c’est une peine très-inutile à prendre avec un ami qui vous connaît si bien, convenez-en ?

— Il est certain que j’aimerais à vous confier ce qui m’occupe, dit Mathilde ; mais je ne sais quelle crainte m’en empêche.

— C’est peut-être que vous méditez quelque chose contre votre bonheur. Ah ! si cela est, vous avez raison de me craindre ; c’est le seul tort que je ne puisse tolérer.

Alors le maréchal s’étendit sur la fatalité qui portait la plupart des femmes placées au premier rang, et douées de tous les avantages qui devraient assurer une