Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/224

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possible, je l’aurais tenté. Mais l’inspecteur du port m’a bien assuré que l’expédition était déjà fort en retard ; que l’on avait prévenu les passagers qu’ils n’auraient pas le temps de se reposer à Livourne, car l’autre bâtiment attendait celui-là pour partir ; et comme le vent était bon, ils auraient eu deux jours d’avance sur moi.

— On ne t’a pas indiqué un moyen prompt de faire parvenir la lettre dont tu étais porteur ?

— Je n’ai pas osé la confier aux personnes qui s’offraient pour la donner à des voyageurs, parce qu’on m’a dit que rien n’était plus incertain que ces sortes d’occasions, et que j’ai pensé que madame la duchesse en aurait de plus sûres. D’ailleurs la femme de chambre de madame de…

— De Cérolle ? dit Mathilde d’une voix altérée.

— C’est cela, reprit Germain ; oui, c’est bien madame de Cérolle que l’appelait mademoiselle Adèle ; en bien, madame de Cérolle lui a recommandé de lui faire adresser ses lettres chez un banquier de Livourne, et par la poste, en lui défendant bien de les lui faire parvenir par une occasion.

— C’est bien, dit la duchesse en s’efforçant de paraître calme, allez vous reposer, Germain ; faites venir le chirurgien pour qu’il panse votre bras ; et ne parlez à personne ici du motif de votre voyage.

En disant ces mois, Mathilde posa la lettre qu’elle tenait, sur sa table. Puis se retournant vers Maurice