Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/40

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de risquer sa vie, fût-ce mon plus grand ennemi.

— Que cette faiblesse vous sied bien ! dit le colonel en regardant Mathilde avec attendrissement ; mais en parlant d’ennemi, vous ne voulez pas sans doute désigner Albéric, lui dont la juste admiration pour vous, madame, me fait pardonner tant de malice envers les autres !

— Moi, je n’ai aucun droit à son indulgence, et je pense bien qu’il ne m’épargne pas plus que…

— Ah ! madame, interrompit Maurice, s’il en était ainsi, nous serions brouillés depuis longtemps.

— En vérité, reprit la duchesse en souriant, vous avez une manière de le défendre qui donnerait envie de l’attaquer.

— Par grâce, soyez moins sévère pour lui dans ce moment où tout le monde l’accable. Je sais bien qu’il fait souvent un mauvais emploi de son esprit, et nous nous querellons parfois à ce sujet ; mais la générosité de son cœur, la noblesse de son caractère rachètent bien ce petit travers. Et puis il est brave sans faste, et nous autres soldats nous pardonnons bien des torts à ce mérite-là.

— Eh bien, dit Mathilde, je n’irai point ce soir chez ma belle-sœur, je vais le lui faire dire.

— Et moi, je cours chez Albéric le féliciter de la bonté que vous avez de le recevoir. Cette faveur-là lui portera bonheur.