Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/52

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Une question politique, qui s’éleva en ce moment entre le maréchal et M. de Sétival, empêcha Mathilde d’entendre la réponse que fit Albéric à la vicomtesse ; il s’agissait d’un projet de loi qui intéressait particulièrement toutes les personnes présentes, et chacune donna son avis. Il s’ensuivit une discussion dans laquelle M. de Lormier prouva, en termes excellents, que les lois propres à maintenir l’ordre dans de petits États n’étaient point applicables à une grande nation ; qu’on ne pouvait arrêter la marche des idées ; qu’il fallait attendre qu’un peuple fût mûr pour la liberté, avant de lui donner des lois républicaines ; que la religion était le soutien des gouvernements, et le fanatisme leur perte ; et une foule de vérités de ce genre, qui étaient comme un point de réunion où chacun venait se reposer dans la fatigue des débats. Madame de Méran était celle qui s’amusait le plus du soin que prenait Albéric d’encourager les sentences de M. de Lormier par ses approbations réitérées.

— C’est fort juste, disait-il à chaque phrase de l’orateur ; bien observé, incontestable.

Et M. de Lormier, ravi d’être aussi bien écouté, redoublait de zèle à répéter ce qu’il avait lu, entendu et dit depuis qu’il était au monde.

Cette espèce de proverbe se serait prolongé à la satisfaction générale, si la bonté de madame de Lisieux n’avait cru devoir y mettre un terme, en faisant préparer le whist de madame d’Ostange.