par sa présence. Le maréchal raconta de ces histoires, de ces bons mots de soldat, qui sont, pour ainsi dire, le comique de la guerre. On en rit, on en pleure à la fois, car c’est presque toujours quelques sentiments généreux exprimés de la manière la plus burlesque. Madame de Méran accabla M. de Varèze de malices flatteuses ou piquantes, auxquelles il répondit avec toutes les grâces de son esprit. Il s’appliqua surtout à plaire au maréchal, c’était une conquête difficile, et qui lui paraissait indispensable pour arriver à une autre plus glorieuse ; il y sacrifia, ce soir-là, jusqu’au plaisir de s’occuper uniquement de madame de Lisieux ; mais elle ne parut point lui savoir mauvais gré de sa négligence.
Madame de Méran, moins indulgente pour un tort dont M. de Varèze aurait eu plus de peine à se justifier près d’elle, s’en vengeait en parlant de lui au colonel Andermont, et en faisant admirer sa facilité à s’emparer de l’attention des gens qui l’aimaient le moins.
Car il ne faut pas qu’il se fasse illusion ; ajoutait-elle d’un air mystérieux quoique sans baisser la voix, on le déteste ici.
— Et pour quelle raison ? demanda Maurice.
— Des propos légers, de mauvaises plaisanteries, enfin des motifs qui n’ont pas le sens commun. Je n’en connais qu’un de raisonnable, et ma cousine ne le sait même pas.