Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/65

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sence distrait d’un péril imminent. Ah ! ce n’est pas la première affaire de ce genre que lui attirent ses folies ? J’espère qu’il ne s’en tirera pas plus malheureusement que des autres. Cependant, à force de jouer sa vie à cet horrible jeu… Mais chassons ces tristes idées, continua la baronne en remarquant l’impression qu’elles faisaient sur sa nièce, j’ai le préjugé que la prédiction amène le malheur. Parlons de choses plus riantes. Mon brave commandant est parfaitement guéri de son rhumatisme, et il part demain pour retourner à Dijon. Me voilà libre.

— Et je puis enfin m’emparer de vous, dit Mathilde en se jetant dans les bras de sa tante. Ah ! si vous saviez combien j’ai désiré ce moment ! Jamais je n’ai eu plus besoin de votre amitié, de vos conseils ; jamais je n’ai senti plus douloureusement la perte de ma mère ! Venez me la rendre, venez me guider dans ce monde qui m’effraie ; je ne me sens pas la force d’y vivre sans votre appui, et je prévois qu’il serait sans pitié pour ma faiblesse.

En disant ces mots, Mathilde laisse un libre cours aux larmes qui l’oppressaient depuis longtemps. Elle veut les croire toutes consacrées au souvenir de sa mère, mais les efforts qu’elle fait pour conserver cette illusion ne la soutiennent pas au delà du moment où l’on vient dire à la baronne « que M. le comte de Varèze ne peut avoir l’honneur de lui faire réponse, parce qu’il est malade. »