Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment destiné à sa tante, et ce fut la seule raison qu’elle donna de son départ précipité.

Son attente ne fut point trompée, Maurice s’élançait de son tilbury à l’instant même où la voiture de la duchesse entrait dans la cour. Il lui offre la main, tandis que Mathilde lui demande avec anxiété si la blessure de son ami est dangereuse.

— Quoi ! vous savez déjà ?…

— Oui, interrompit-elle en cherchant à lire sur le visage de Maurice ce qu’il faut penser de l’état d’Albéric ; mais il n’est point en danger, puisque vous êtes ici, ajouta-t-elle en s’appuyant sur le bras du colonel pour monter les marches du perron.

— Nous avons craint un moment qu’il n’eût le bras cassé, mais il en sera quitte pour quelques accès de fièvre, qui ne le retiendront pas longtemps chez lui surtout quand il saura l’intérêt que vous prenez à sa blessure, madame.

— Comment en refuser à de semblables événements ? reprit Mathilde ; je ne cache pas ce que ma tante et moi en avons souffert. Mais j’oublie M. de Marigny ; est-il aussi blessé ?

— Il n’a pas même risqué de l’être. Albéric, après l’avoir fait convenir que rien n’était plus ridicule que de se battre pour de faux mollets, a exigé qu’il tirât le premier. Le coup n’ayant atteint que le bras gauche d’Albéric, il a ajusté de l’autre M. de Marigny ; puis, relevant son arme, il a tiré en l’air en disant :